dimanche 29 septembre 2013

Règle mon compte.

« Today’s horoscope : Company from out of town could mean trouble. »


Horoscope du jour : 
De la compagnie venue d’ailleurs 
pourrait causer des problèmes.




En s’affalant dans le canapé, DeeDee était heureuse. Une semaine bien chargée venait de se terminer et elle avait enfin un moment à elle. Elle resta un moment, les jambes levées par-dessus le dossier du canapé à fixer la télévision éteinte, avant de décider de déplacer son corps tout en grommelant. Ses muscles lui criaient d’arrêter et de s’installer une bonne fois pour toute. « Et si on dormait dans le canapé ce soir, » disaient-ils, « comme ça on aura plus besoin de travailler aujourd’hui. » Et elle était entièrement en accord avec eux.

Au moment où DeeDee réussit à mettre la main sur sa télécommande qui reposait sur l’accoudoir du canapé, quelqu’un frappa sur sa porte, rudement. Elle soupira et se laissa fondre au fond de son canapé, les jambes sur son accoudoir, la tête sous une couverture trouvée deux secondes auparavant. Elle ferma les yeux et respira doucement, écoutant les criquets à l’extérieur. Il n’y en avait pas. Normal, la personne à sa porte était en train de crier son nom et de frapper à nouveau sur la porte. Bon, ignorer le problème n’allait pas le faire partir, il fallait se lever.

Mission accomplit pour DeeDee qui traîna des pieds jusqu’à sa porte d’entrée, la couverture autour des épaules en cape et les cheveux en bataille. « J’arrive ! » cria-t-elle en cherchant ses clés dans les poches de son manteau qu’elle avait laissé à terre près de la porte. Une fois le trousseau trouvé, les cris derrière la porte s’arrêtèrent brusquement. DeeDee resta un moment, debout avec les clés dans une main, l’autre main qui tentait de se recoiffer et sa couverture qui tombait de ses épaules, avant de coller son oreille tout doucement contre la porte. La personne était en train de pleurer.

DeeDee leva les yeux au ciel et déverrouilla sa porte. Elle détestait les gens qui pleuraient, mais quand ça ce passe au seuil de sa porte, elle n’avait pas d’autre choix que de l’accepter et d’essayer de les faire partir. Ses gestes bourrus en ouvrant la porte firent sursauter la personne de l’autre côté : c’était Bonnie. Après trente secondes d’étonnement de chaque partie, DeeDee se reprit et querella « Qu’est-ce que tu veux ? » Bonnie était sûrement la dernière personne qu’elle ne voulait voir à cet instant précis. Si seulement ça avait été une pizza, elle commençait à avoir un peu faim …

« J’ai besoin de ton aide. » Les yeux de Bonnie brillaient sous la lumière artificielle qu’offrait la maison de DeeDee en cette belle nuit d’été. Ils étaient également rouges et un peu gonflés, tout ça à cause de ses larmes. Elle se demanda depuis combien de temps Bonnie pleurait avant de se rappeler qu’elle n’en avait rien à faire. DeeDee fit signe à Bonnie de rentrer et ferma la porte à clef derrière elles. Bonnie avança doucement, ne connaissant pas les lieux elle ne savait pas trop où aller, avant d’être poussée par DeeDee dans le couloir, puis à gauche, dans la cuisine.

« T’as soif ? » DeeDee avait soif, en tout cas, et lorsqu’elle vit que Bonnie avait fait signe de tête que, oui, elle avait soif, DeeDee n’avait pas envie de lui servir quoi que ce soit. Elle sortit tout de même deux verres, puis chercha des bières dans le réfrigérateur. Tant pis si Bonnie n’aimait pas la bière, DeeDee en avait besoin. « Tu vas m’aider, oui ou non ? » En servant les bières, DeeDee se rendit compte qu’elle n’avait pas écouté un seul mot de ce qu’avait pu dire Bonnie, mais elle haussa les épaules quand même. « Et pourquoi je t’aiderais ? » Bonnie secoua la tête, prête à verser de nouveau des larmes. En réaction, DeeDee poussa la bière sous son nez et fixa son ex-amie longuement.

« Tu ne m’as pas écouté. » DeeDee lui fit un grand sourire et les filles allèrent s’installer dans le canapé du salon. DeeDee alluma enfin la télévision, mais Bonnie attrapa la télécommande pour couper le son. « Écoutes-moi. » En l’écoutant, DeeDee se rendit compte de la gravité de la situation. Bonnie s’était retrouvée dans une situation violente avec son ex petit copain. DeeDee l’avait déjà sauvée auparavant de ce dernier, mais visiblement elle ne comprenait rien et c’est pour cela qu’elles ne se parlaient plus. DeeDee estimait que Bonnie pouvait s’en sortir toute seule comme une grande, du coup Bonnie était partie vivre en outre-mer, au Canada. Mais maintenant, elle était là, en France, à sa porte, dans sa maison.

« Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? »

« Que tu m’aides. Tu sais manier les armes, tu sais faire disparaître les gens, je le sais. Aide-moi, s’il te plait. C’est le seul moyen pour que je puisse avancer … » DeeDee ne voulait pas revoir Gordon, l’ex petit copain de Bonnie. Ils ne lui ont fait que du mal, tous les deux, et elle était passée au-delà de ça désormais. Elle vivait heureuse et seule dans une maison rien qu’à elle, loin de toute humanité. Alors que faisait Bonnie à sa porte, comment avait-elle su la retrouver ?

Sitôt, sa porte d’entrée éclata en mille morceaux et Gordon fit son entrée. Le sourire aux lèvres, il les trouva toutes les deux dans la cuisine suite à leur déplacement pendant leur discussion et pointa son arme vers DeeDee. « Salut, ma belle. » Voulant aider Bonnie, DeeDee se tourna vers son ex-amie, mais cette dernière avait reculé de quelques pas avec une arme dans ses deux mains tremblantes, également pointé vers DeeDee. Alors soit. « Les mains en l’air. » Suivant ses instructions, DeeDee mit ses mains en l’air et regarda calmement Gordon dans les yeux, puis Bonnie. « Ton argent, tes bijoux, et on te laisse ta vie. »

« T’es mignonne, Bonnie. » L’autre femme fit une grimace. Elle voulu partir afin de fouiller les lieux et de décamper avec tous les biens de DeeDee, mais cette dernière ne comptait pas se laisser faire. Elle plongea vers son sac à main abandonné sur le comptoir, à l’intérieur duquel il y avait son arme. Mais avant qu’elle ait atteint son but, Gordon lui tira une balle dans l’épaule. Trébuchant, DeeDee retenta le coup, attrapa son arme, virevolta en direction de Gordon et tira en direction générale de son visage. Au même instant, Gordon tira à nouveau sur DeeDee et elle tomba à terre, le sourire aux lèvres. Sa balle avait frôlé la tempe de Gordon et il perdait déjà du sang. 

Elle aura au moins décroché ce plaisir de cette visite inattendue.



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