« The Bathtub Story »
Une histoire de baignoire.
Le protagoniste prend un bain.
Pendant son bain, il reflète sur la vie,
passé, présent et futur,
sans jamais quitter son bain.
L’eau chaude fusait tapageusement et continuellement dans la
baignoire, la remplissant quasiment jusqu’au débordement. Elle se pencha pour
mettre fin au coulis d’eau, puis trempa le bout des doigts dans le liquide
limpide. Ses doigts dégagèrent un chemin entre sa vue et l’eau à travers les
bulles de savon qu’elle avait rajouté à son bain, et d’après son toucher, elle
décida que l’eau avait atteint la température parfaite : pas trop chaude,
ni trop froide. C’est alors que la jeune femme se déshabilla pour se laisser
glisser lentement dans la baignoire. Ça devait être son premier bain depuis son
enfance, et le silence qui l’entourait suite à sa submersion dans l’eau lui fit
le même effet qu’une bonne et longue méditation.
L’enfance était d’ailleurs l’instant impeccable de sa vie. C’est à cinq ans que la vie est la plus parfaite. Elle
passait son temps à courir dans le jardin, à jouer, sans se soucier de rien et
sa meilleure amie était sa balançoire. Elle pouvait y passer des heures sur
cette balançoire ! Chanter lorsqu’elle passait en avant, en arrière, en avant,
en arrière ... Regarder autour d’elle, le vent dans les cheveux, sauter pour
atterrir dans l’herbe, pliée en deux à cause d’un fou-rire ... Lorsque le
soleil se cachait et que les nuages s’installaient, elle n’en était pas plus
perturbée que ça. Et lorsque la pluie se mettait à tomber ... Elle était
heureuse ! Elle riait, elle courait, elle dansait, puis elle rentrait,
puisque maman l’appelait, pour ne pas attraper froid. C’est là où la vie
parfaite continuait, son imagination prenait feu. Ce n’est pas parce qu’elle
était à l’intérieur qu’elle allait s’ennuyer, ça, non ! Jamais elle ne se
lassait de jouer avec ses poupées, et parfois, lorsque papa rentrait du boulot,
elle réclamait qu’il joue avec elle. Mais il commençait déjà à se faire tard,
il fallait qu’elle aille se coucher. Et c’est dans ses rêves qu’elle retrouvait
toutes ses aventures préférées, qu’elle vivait comme dans un Disney ...
Mais tout le monde fini par
grandir. Dix années plus tard, elle avait connus des choses plus graves qu’un
genou râpé ou une piqûre de telle ou telle bestiole. Elle avait vécu le décès
de ses deux grands-pères … Les choses s’assombrissaient avec la connaissance de
la mort. Avec ses « potes », elle était heureuse, elle commençait à
se rebeller vis-à-vis de ses parents. Quelle connerie ! Elle se fichait de ce que la vie
pouvait lui réserver, le soleil brillait et elle glandait. Le cours ? Elle
essayait de s’accrocher, mais parfois elle avait tendance à passer à autre
chose … Ce n’était pas toujours simple, il y avait des histoires de tous genres
et la vie prenait des hauts et des bas. Lorsque la pluie tombait, elle
observait ceux qui étaient trop soucieux de leur apparence qui rentraient chez
eux, tête baissée, limite en courant. Elle restait sous cette pluie, eau tombée
du ciel, les yeux fermés, pensive. À cet âge, elle commençait également à
découvrir la vie de fêtard, c’était un hibou, une couche-tard. Ses rêves
étaient bizarres, perturbés, pas toujours ce qu’elle souhaitait …
Ses dix-huit ans étaient
sûrement la plus belle année de sa vie, avec tant de nouveautés. Les liens avec
ses parents étaient plus ou moins restaurés, après sa crise d’adolescence, mais
ses rêves étaient de plus en plus grand, la poussant à quitter le nid de ses
parents et de partir à l’aventure. Elle voyait ses amis qui souhaitaient partir
étudier à l’étranger, et d’autres voulant travailler et mettre derrière eux
toutes ces années d’études. Dans tous les cas, la vie était en train de la
séparer de ses amis, car les grandes études n’avaient rien à voir avec les
années lycée. Elle fini par perdre le contact avec certains de ses amis, mais
elle réussi tout de même à le garder avec d’autres. Les retrouvailles étaient
explosives à chaque fois, mais de nouveaux amis s’étaient installés dans sa
vie. Elle a appris à apprécier le soleil, devenu une chose complètement banale
dans sa vie. Lorsqu’il n’est pas là, elle se plaignait du froid, et lorsqu’il
est là, elle se plaignait de la chaleur. Une bonne Française comme il se doit.
Et pour la pluie ? Tout est une question de goûts. Elle l’aimait, la
pluie, depuis toujours. Elle ne voyait pas passer ses nuits, restant debout à
danser, à boire, à « oublier » … Pas de rêves à cette époque, c’était
place aux nuits blanches.
Et aujourd’hui, où en
était-elle dans la vie ? À vingt ans, elle avait pris goût à la vie
d’adulte, vivant loin de ses parents, étant en plein dans ses études
supérieures. Un jour, elle commencera une vie professionnelle, adoptera une
routine. La pluie et le beau temps ne feront plus partie de ses soucis
principaux, et elle commençait juste à découvrir l’importance du sommeil dans
sa vie. Toute magie avait disparue de sa vie, et la réalité lui était tombé
dessus comme un poids mort.
L’eau était froide, désormais,
et les bulles avaient quasiment toutes quitté le bain. Il était temps qu’elle
sorte de sa baignoire également, car ses doigts étaient devenus fripés à cause
du contact prolongé avec l’eau. D’un soupir, elle se leva, ce qui fit remuer
l’eau et brisa le silence qui s’était installé dans la salle de bain. La méditation
était terminée, maintenant, il fallait travailler.
La vie est un conte de fée
qui perd ses pouvoirs magiques lorsque nous grandissons.
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