vendredi 27 septembre 2013

The Bathtub Story

« The Bathtub Story »


Une histoire de baignoire.
Le protagoniste prend un bain.
Pendant son bain, il reflète sur la vie,
passé, présent et futur,
sans jamais quitter son bain.




L’eau chaude fusait tapageusement et continuellement dans la baignoire, la remplissant quasiment jusqu’au débordement. Elle se pencha pour mettre fin au coulis d’eau, puis trempa le bout des doigts dans le liquide limpide. Ses doigts dégagèrent un chemin entre sa vue et l’eau à travers les bulles de savon qu’elle avait rajouté à son bain, et d’après son toucher, elle décida que l’eau avait atteint la température parfaite : pas trop chaude, ni trop froide. C’est alors que la jeune femme se déshabilla pour se laisser glisser lentement dans la baignoire. Ça devait être son premier bain depuis son enfance, et le silence qui l’entourait suite à sa submersion dans l’eau lui fit le même effet qu’une bonne et longue méditation.

L’enfance était d’ailleurs l’instant impeccable de sa vie. C’est à cinq ans que la vie est la plus parfaite. Elle passait son temps à courir dans le jardin, à jouer, sans se soucier de rien et sa meilleure amie était sa balançoire. Elle pouvait y passer des heures sur cette balançoire ! Chanter lorsqu’elle passait en avant, en arrière, en avant, en arrière ... Regarder autour d’elle, le vent dans les cheveux, sauter pour atterrir dans l’herbe, pliée en deux à cause d’un fou-rire ... Lorsque le soleil se cachait et que les nuages s’installaient, elle n’en était pas plus perturbée que ça. Et lorsque la pluie se mettait à tomber ... Elle était heureuse ! Elle riait, elle courait, elle dansait, puis elle rentrait, puisque maman l’appelait, pour ne pas attraper froid. C’est là où la vie parfaite continuait, son imagination prenait feu. Ce n’est pas parce qu’elle était à l’intérieur qu’elle allait s’ennuyer, ça, non ! Jamais elle ne se lassait de jouer avec ses poupées, et parfois, lorsque papa rentrait du boulot, elle réclamait qu’il joue avec elle. Mais il commençait déjà à se faire tard, il fallait qu’elle aille se coucher. Et c’est dans ses rêves qu’elle retrouvait toutes ses aventures préférées, qu’elle vivait comme dans un Disney ...

Mais tout le monde fini par grandir. Dix années plus tard, elle avait connus des choses plus graves qu’un genou râpé ou une piqûre de telle ou telle bestiole. Elle avait vécu le décès de ses deux grands-pères … Les choses s’assombrissaient avec la connaissance de la mort. Avec ses « potes », elle était heureuse, elle commençait à se rebeller vis-à-vis de ses parents. Quelle connerie !  Elle se fichait de ce que la vie pouvait lui réserver, le soleil brillait et elle glandait. Le cours ? Elle essayait de s’accrocher, mais parfois elle avait tendance à passer à autre chose … Ce n’était pas toujours simple, il y avait des histoires de tous genres et la vie prenait des hauts et des bas. Lorsque la pluie tombait, elle observait ceux qui étaient trop soucieux de leur apparence qui rentraient chez eux, tête baissée, limite en courant. Elle restait sous cette pluie, eau tombée du ciel, les yeux fermés, pensive. À cet âge, elle commençait également à découvrir la vie de fêtard, c’était un hibou, une couche-tard. Ses rêves étaient bizarres, perturbés, pas toujours ce qu’elle souhaitait …

Ses dix-huit ans étaient sûrement la plus belle année de sa vie, avec tant de nouveautés. Les liens avec ses parents étaient plus ou moins restaurés, après sa crise d’adolescence, mais ses rêves étaient de plus en plus grand, la poussant à quitter le nid de ses parents et de partir à l’aventure. Elle voyait ses amis qui souhaitaient partir étudier à l’étranger, et d’autres voulant travailler et mettre derrière eux toutes ces années d’études. Dans tous les cas, la vie était en train de la séparer de ses amis, car les grandes études n’avaient rien à voir avec les années lycée. Elle fini par perdre le contact avec certains de ses amis, mais elle réussi tout de même à le garder avec d’autres. Les retrouvailles étaient explosives à chaque fois, mais de nouveaux amis s’étaient installés dans sa vie. Elle a appris à apprécier le soleil, devenu une chose complètement banale dans sa vie. Lorsqu’il n’est pas là, elle se plaignait du froid, et lorsqu’il est là, elle se plaignait de la chaleur. Une bonne Française comme il se doit. Et pour la pluie ? Tout est une question de goûts. Elle l’aimait, la pluie, depuis toujours. Elle ne voyait pas passer ses nuits, restant debout à danser, à boire, à « oublier » … Pas de rêves à cette époque, c’était place aux nuits blanches.

Et aujourd’hui, où en était-elle dans la vie ? À vingt ans, elle avait pris goût à la vie d’adulte, vivant loin de ses parents, étant en plein dans ses études supérieures. Un jour, elle commencera une vie professionnelle, adoptera une routine. La pluie et le beau temps ne feront plus partie de ses soucis principaux, et elle commençait juste à découvrir l’importance du sommeil dans sa vie. Toute magie avait disparue de sa vie, et la réalité lui était tombé dessus comme un poids mort.

L’eau était froide, désormais, et les bulles avaient quasiment toutes quitté le bain. Il était temps qu’elle sorte de sa baignoire également, car ses doigts étaient devenus fripés à cause du contact prolongé avec l’eau. D’un soupir, elle se leva, ce qui fit remuer l’eau et brisa le silence qui s’était installé dans la salle de bain. La méditation était terminée, maintenant, il fallait travailler.

La vie est un conte de fée qui perd ses pouvoirs magiques lorsque nous grandissons. 


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